Il y a quelques semaines, on a participé au Carnaval de Dunkerque, avec Justine, qui nous a hébergé chez elle à Malo, et des amis.
Ce fut… Une expérience. Le Carnaval de Dunkerque (Wikipédia, c’est à toi remonte au début du XVIIème siècle. Les armateurs offraient aux marins-pêcheurs, avant de partir pour 6 mois de pêche en Islande, un repas et une fête, ainsi que la moitié de leur solde. Bon nombre d’entre eux ne revenaient pas donc bon, c’était la moindre des choses…
Quatre siècles plus tard, nous avons participé à la « Bande » de Dunkerque. Une « Bande », c’est un rassemblement de personnes déguisées défilant dans les rues d’une ville ou d’un quartier – il y en a dans toute la région, la période du carnaval durant deux mois, de fin décembre à fin mars !
Ce qui est génial avec ce carnaval, c’est qu’il ne faut pas grand-chose pour y participer : des vieux vêtements colorés fluos/fleuris, des perruques à 5 euros, des boas, du maquillage qui part à l’eau (même si on a eu quelques frayeurs avec le orange qui partait mal… Petit effet « j’ai piqué l’auto-bronzant de Maman » – mais le lendemain, plus rien !). Du coup, on s’est bien amusés. Comme dit Wikipédia, qui parle sage, le carnaval est l’occasion de se défouler et de laisser libre cours à son imagination. La coutume veut que les hommes se déguisent en femmes, en « ma tante » (jupes, bas-résilles, bijoux, faux-cils, maquillage, chapeaux à fleurs…). Autre déguisement aussi prisé que politiquement incorrect, le « zoulou »(pagne de paille, sous-pull noir, maquillage noir). Mais en vrai, tout le monde s’habille n’importe comment, pourvu qu’il y ait de la couleur et de la dérision !
La Bande est composée du tambour-major (qui choisit la musique et détermine le parcours), de la clique (les musiciens) et des carnavaleux (tous les gens déguisés). C’était très impressionnant : à la suite de la clique (qu’on voit de loin car elle est entourée de hautes ombrelles), tout le monde chante – tout le monde connaît les chansons, sauf les touristes comme nous. Ça se bouscule un peu, en particulier pendant les « chahuts » où les musiciens jouent, mais rien de méchant.
Sans connaître les usages, on a repéré les coutumes rigolotes, comme le jeu entre les carnavaleux de la rue et ceux qui regardent le défilé à leur balcon : « Au balcon, les cocus » est scandé très régulièrement. Il y a aussi les groupes sympas qui jouent de la trompette depuis leur fenêtre, ce à quoi la rue répond « Olé ! ».
Au milieu de l’après-midi, tout le monde se retrouve place de l’Hôtel de ville, d’où le Maire et le Conseil municipal balancent des coucous et 450 kg de harengs sur la foule. Graaaande tradition qui date non pas du XVIIème siècle (on aurait cru, hein ? Avec la pêche et tout…), mais de l’après-guerre : pour fêter la rénovation de l’hôtel de ville, détruit en 1945, la municipalité décida de de lancer des harengs car c’était la saison (j’aurais vraiment aimé être une petite souris à la réunion où ils ont décidé ça).
On a pas mal attendu que la place se remplisse et que commence le lancer, sous les cris « Libéréz les harengs », scandés par à peu près tout le monde… Quand enfin sont jetés les premiers harengs, ça devient passablement dangereux : tout le monde veut son trophée et on a surtout, surtout pas envie qu’un hareng nous tombe dessus – non pas parce que c’est dégueu : ils sont fumés et emballés sous plastiques, mais parce qu’on risque de disparaître sous une marée humaine multicolore et emplumée !
D’ailleurs, c’est le moment où nous avons tiré notre révérence car on avait école le lendemain, à 3 heures de là ! Ce qui fait qu’on a raté le moment le plus émouvant, le rigodon, place Jean Bart, où les carnavaleux chantent pendant une heure tous les airs de Carnaval en terminant par l’hommage à Jean Bart, le corsaire dunkerquois. Il y a tellement de monde qu’il paraît qu’on voit s’élever au-dessus de la foule un nuage de vapeur, qui donne à l’ensemble un côté irréel…!
Voili voilà pour le carnaval de Dunkerque ! On sait pas si on recommencera l’an prochain mais l’avantage, c’est qu’on aura toujours ces photos là…