Irlande #1 : le ferry

(Mieux vaut tard que jamais… Petit compte-rendu en plusieurs actes de notre périple en Irlande en avril dernier !)

« Homme libre, toujours tu chériras la mer ! », écrivit Charles Baudelaire. (Qui connaît ce poème, en dehors de la première ligne ? Pour la peine on va se le lire en entier 🙂

L’Homme et la Mer

Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets:
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables!

Charles Baudelaire

Charles, merci. Pour lutter, ça, nous luttâmes. Mais reprenons : à l’heure de Ryanair, pourquoi aller en Irlande en bateau, demanderez-vous ? Eh bien parce que nous voulions faire le tour de l’île en voiture et que celle d’Olivier, après avoir traversé l’Europe en 2010 (voyage en Moldavie !) brûlait de connaître la verte Erin. Et puis, quelle merveilleuse manière de commencer (et terminer) des vacances que de prendre la mer ? On était aussi excités par la traversée que par le fait de visiter l’Irlande…

L’Oscar Wilde, notre (immense) bateau, quittait le port de Cherbourg à 21h ce 21 avril 2012 pour une traversée de 18 heures, arrivée au port de Rosslare en Irlande. Nous avons embarqué vers 19h30, garé la voiture dans l’immense parking (niveau 3) avant de rejoindre notre cabine (niveau 8), et de faire le tour des ponts passagers : les bars et restaurants (niveau 7), la boutique de duty-free (niveau 6), le cinéma (niveau 9) et la terrasse extérieure (niveau 10).

Sur le pont, non loin de notre cabine. Vue sur le port de Cherbourg.

Et ensuite nous avons attendu. Attendu. Attendu… Ce soir-là le temps était au beau. Tout le monde sur le pont, les gens se prenaient en photo, les enfants galopaient, des groupes d’adolescents en route pour un séjour linguistique faisaient (bruyamment) connaissance. tout le monde s’interpellait en français ou en anglais. Nous, nous attendions le « pooooon poooooon » du départ. Mais, grande déception, les bateaux aujourd’hui ne font plus « pooooon poooooon ». Le « pooooon poooooon » a été remplacé par un petit blabla sur la sécurité à bord et une allocution du capitaine. Ce dernier a d’ailleurs rapidement mentionné les conditions météorologiques du voyage. Naïfs que nous étions, nous avons à peine écouté, alors qu’il aurait été encore temps de renoncer.

L’Homme libre médite.

Wouf fait le vent.

On a compté : il y a suffisamment de place pour tous les passagers dans les canots, en cas d’accident d’iceberg.

Et il y a même des bouées de sauvetage, tout va bien.

Et c’est le départ !

Au revoir Cherbourg.

Après le départ, nous sommes restés dehors un bon moment et avons vu disparaître les côtes du Cotentin avec l’émotion du marin doublant les feux de Saint-Malo (hisse-et-ho). Il était déjà bien tard à notre retour à l’intérieur et les différents restaurants ne prenaient plus de clients. On a donc rapidement rejoint la cabine et nous sommes endormis du sommeil du juste.

Au réveil le bateau tanguait. Roulis dans un sens, roulis dans l’autre sens… On a eu la mauvaise idée de ne pas faire la grasse matinée. Alors qu’il eut fallu rester sous la couette dans cet état bienheureux d’inconscience qui atténue largement les effets du mal de mer, non, nous avons choisi d’aller prendre le petit-déjeuner. Ce fut une entreprise longue et douloureuse. Après avoir difficilement avalé un demi-croissant et un thé noir nous avons suivi le mouvement général et nous sommes posés sur le pont, face au vent. Le regard de nos pauvres compagnons de voyages reflétait notre désarroi : alors c’est ça, la mer ? Mais, mais, on nous a donc menti ? « La croisière s’amuse » et « Titanic » sont en fait de vastes impostures ? Les vagues n’étaient même pas si grosses que ça, vues du haut de notre énorme ferry…

On est moins frais que la veille, avouons-le…

Finalement, le vent et la mer se sont calmés. Vers midi, nous avons même pu aller déjeuner dans l’un des restaurants du bord (mon premier fish & chips du voyage, youpi) ! Ensuite, dernière balade sur le pont : au loin se découpaient (enfin) les côtes irlandaises. Quelques petites manœuvres, et enfin, on y était !

Terre droiiiiit devant !

Le pont déserté…

Nous avons accosté sous le soleil dans le petit port de Rosslare, county Wexford. Branle-bas de combat pour récupérer la voiture et début du stress : la conduite à gauche, ouille ?

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